Entretien d’un coteau à Ophrys magniflora
Ophrys magniflora Geniez & Melki (Ophrys à grandes fleurs) est une espèce protégée en France au plan national, qui affectionne les pelouses rases, les garrigues et les lieux incultes. Il s’agit d’une endémique du Sud de la France (Corbières, région de Leucate, contreforts audois de la Montagne Noire).
Cette station d’Ophrys magniflora a été découverte en 1986, et malgré la forte pression des graminées sociales comme Brachypodium pinnatum et Bromus erectus, 17 pieds y avait été observés.
Ancienne pâture abandonnée depuis de longues années, après la disparition des animaux de travail, le coteau s’est petit à petit embroussaillé et en partie enrésiné, en raison de la présence proche d’une pinède.
Au fil des ans, le nombre de pieds observés a diminué progressivement.
En 1999, un seul pied apparaît.
L’embroussaillement est très important. Aux graminées s’ajoutent en grande quantité Juniperus communis, et Dorychnium pentaphyllum.
Il a alors été décidé de mettre en place une action d’entretien de la parcelle .
Automne 1999 : Abattage des pins les plus gros et arrachage systématique des autres. Débroussaillage mécanique et manuel sur environ 1000 m2. Un certain nombre de Juniperus est conservé.
Printemps 2000 : Floraison de 3 pieds d’O. magniflora dont 2 nouveaux pieds dans la zone débroussaillée (celui de 1999 n’a pas réapparu). Nous constatons qu’aucune fleur n’est fécondée, ceci étant dû certainement au trop petit nombre de pieds et à leur éloignement.
Eté 2000 : De nombreux arbres sont débités et enlevés.
Automne 2000 : La surface débroussaillée est environ doublée.
Printemps 2001 : Malgré l’augmentation de la surface, 3 pieds seulement apparaissent ; 2 qui avaient déjà fleuri en 2000 et 1 dans une partie excentrée du coteau non encore débroussaillée. Décision est prise d’essayer de polliniser manuellement les fleurs.
Eté 2001 : 2 fleurs pollinisées ont été fécondées, les ovaires ont évolué normalement. Le fauchage et le débroussaillage sont effectués au mois d’août, sur les conseils de certains participants à la journée du 1er mai, la végétation étant alors à son maximum chlorophyllien, en particulier les graminées. L’impact sur celles-ci en serait plus efficace. Un débroussaillage important est réalisé dans la partie du coteau où a fleuri un nouveau pied. Pour la première fois, un ratissage manuel est possible grâce à l’utilisation d’une débroussailleuse à dos (ce qui permet une meilleure aération de la surface du sol et une diminution de l’eutrophisation).
Une rencontre avec le propriétaire du coteau, agriculteur, nous permet de constater l’intérêt grandissant qu’il porte à notre action. Il propose à temps perdu de nettoyer le site de ses gravats et vieux matériaux.
Premières conclusions
Plusieurs années seront nécessaires pour obtenir un certain équilibre, mais d’ores et déjà les résultats sont encourageants, même s’il est trop tôt pour pouvoir affirmer que la station est sauvée et encore moins relancée.
Il s’agit bien sûr pour nous d’une première expérience en ce domaine. Nous manquons de recul pour juger de l’efficacité des moyens employés, et tous conseils et suggestions seraient les bienvenus.
Mais l’année 2001 aura été très favorable, puisque au cours de nos recherches, nous avons eu la chance de découvrir 2 nouvelles stations d’O. magniflora, dans cette même région de Haute-Garonne.
L’une (3 pieds), au sommet d’un coteau assez rocailleux, en compagnie de très nombreux pieds (environ 500) d’O. papilionacea.
L’autre (12 pieds), toujours sur un coteau pâturé en alternance par des ovins. Un premier relevé a d’ailleurs été réalisé cette saison sur les nombreux hectares de prairie que possède le propriétaire, éleveur de brebis. Il nous a également autorisés à clôturer l’emplacement de la station (les pieds sont réunis sur 15 m2 environ), pour permettre aux orchidées d’effectuer leur cycle complet au printemps prochain.
Contact :
Michel DELPONT
Au village - 31540 Mourville Haute
05 62 71 12 40
email : micod2@club-internet.fr
